Semaine de 4 jours : le bilan après 4 ans

Le 2 avril 2024

La semaine de 4 jours se démocratise à travers le monde. L’une des raisons de cette popularité viendrait de son efficacité pour améliorer le bien-être au travail. Chez Showcase, nous l’avons mis en place il y a 4 ans et à l’époque ce changement avait suscité espoirs et parfois inquiétudes.

Qu’en pense-t-on aujourd’hui, avec du recul et de l’expérience ? Qu’est-ce que ce changement a apporté dans notre organisation, notre productivité ? Quels sont les écueils qui ne sont pas encore totalement résolus ? Dans cet article, on dresse le bilan pour vous ! ⬇️

Sommaire

1 Pourquoi opter pour la semaine de 4 jours ?
2 Mise en place de la semaine de 4 jours chez Showcase
3 Nos apprentissages 4 ans après
4 Concrètement, ça marche comment ?
5 Étude et témoignages

Pourquoi opter pour la semaine de 4 jours ?

Récemment, un ami entrepreneur présentait notre organisation de cette manière : « ils ne font rien comme les autres, mais ça marche ! ».

Chez Showcase, nous aimons en effet expérimenter sur nos méthodes de travail. Le but ? Identifier les leviers qui nous permettent de d’articuler harmonieusement vie personnelle et ambition professionnelle. Au fil des années, nous avons ainsi mis en place différentes mécaniques comme la gouvernance partagée, le télétravail, ou encore les vacances illimitées.

Et comme le disait notre ami : « ça marche ! ».

Malgré ces avancées notables dans notre organisation, la semaine de 4 jours nous avait toujours semblée un peu… too much. 4 jours de travail, sérieusement ? Ça semblait presque trop beau pour être crédible — un peu comme le télétravail il y a 10 ans.

Cependant, grâce au courage de quelques entreprises comme LDLC, Welcome to the Jungle, et de nombreuses autres qui ont basculé à la semaine de 4 jours, nous avons commencé à y penser sérieusement. Leurs retours d’expérience faisaient en effet part de nombreux avantages, avec des inconvénients qui nous semblaient gérables.

Quels sont les bienfaits notables évoqués ?

Pour le salarié

Une santé physique, mentale, améliorée (réduction des risques de burn-out)
Du temps gagné pour faire du sport, pratiquer ses loisirs
Moins de stress, notamment pour gérer la maison, la vie de famille, les tâches du quotidien

Pour l’employeur

Plus d’efficacité au travail des salariés
Moins de rotation des effectifs, une amélioration de l’embauche
Une réduction de l’empreinte carbone (moins de trajets, d’électricité consommée)

A noter que plus récemment, des expérimentations à plus grande échelle, avec des méthodologies d’analyse un peu plus poussée (notamment dans certains pays comme l’Espagne, l’Islande ou plus récemment en Angleterre) ont encore renforcé l’attrait et le sérieux de la semaine de 4 jours.

Mise en place de la semaine de 4 jours chez Showcase

Si vous êtes intéressés par les discussions qui peuvent avoir lieu lors de la mise en place de la semaine de 4 jours au sein d’une organisation, nous vous suggérons la lecture cet article sur le blog DoYouBuzz. Nous revenons notamment sur le séquençage qui nous a permis de lever peu à peu nos doutes et questionnements.

Dans cet article, on fait un bilan, quatre ans après. ⬇️

Nos apprentissages 4 ans après

C’est la conclusion unanime de l’ensemble de l’équipe : une semaine de 4 jours, ça fait du bien !

Si nous avons mis en place différentes mesures notables (vacances illimitées, gouvernance partagée, télétravail…), le passage à la semaine de 4 jours nous semble être la mesure la plus bénéfique en terme de bien-être.

Concrètement, cette journée “gagnée” nous permet d’absorber d’éventuelles pressions du quotidien (enfants malades, travaux, rendez-vous médicaux), de prendre du temps pour soi, de respirer, de faire du sport, d’explorer de nouvelles choses. Si on passait du temps le weekend pour effectuer certaines tâches (tâches ménagères, faire des courses, prendre des rendez-vous…), en utilisant cette journée « bonus » pour les effectuer, on passe des weekends de meilleure qualité.

Pour tout le monde dans l’équipe, cette semaine raccourcie est un bénéfice majeur, et un retour en arrière serait compliqué.

Depuis que nous avons mis en place la semaine de 4 jours, le CA de l’entreprise a augmenté. À quel point la semaine de 4 jours a favorisé ou freiné cette augmentation ? Impossible de l’évaluer.

Notre secteur (le logiciel) et notre modèle économique (basé principalement sur des revenus récurrents) rendent très difficile de mesurer précisément la relation entre le temps de travail sur une période donnée et la valeur économique produite grâce à ce travail.

Sur le sujet, cependant, une chose est sûre : passer à la semaine de 4 jours ne nous a pas empêchés de progresser, à taille d’équipe constante.

Quel a été l’impact du changement sur notre productivité ? Sur ce point, il y a débat au sein de l’équipe. Certains ont le sentiment que nous sommes plus productifs, là où d’autres pensent que nous le sommes moins.

Cela rejoint une problématique que l’on retrouve plus largement dans la littérature sur la productivité : dans l’industrie de la connaissance, on est incapable d’avoir une définition — et encore moins une mesure — de la productivité, à tel point que certains chercheurs ont abandonné l’idée de pouvoir mesurer un jour la productivité dans ce domaine.

La seule mesure à notre disposition est donc largement subjective.

D’un côté, certains ont le ressenti d’être plus efficaces dans leur travail avec un jour de moins dans la semaine, et ce, pour diverses raisons probables :

Une meilleure récupération qui permet d’être davantage concentré et motivé ? 🤔
Une suppression volontaire des “distractions” désormais concentrées sur la journée off (rendez-vous, obligations, coups de fil…) ? 🤨
Le fait d’avoir moins de temps pour accomplir une tâche nous pousserait à supprimer le superflu ? 🤷‍♂️

D’un autre côté, certains pencheraient plutôt sur le fait qu’un jour de production en moins, ça reste un jour en moins.

Cependant, même pour ceux qui partagent cette analyse, cela ne remet pas en cause la semaine de 4 jours pour autant, tant les bénéfices sur le bien-être sont importants.

L’organisation d’équipe est probablement le domaine où nous avons rencontré le plus de difficultés, notamment sur les discussions où la présence de toute l’équipe est nécessaire.

Les jours non travaillés sont généralement le mercredi ou le vendredi, ce qui ne laisse que 3 jours dans la semaine où les discussions à plusieurs sont possibles. Trouver un créneau pour les réunions et les échanges impromptus est donc plus complexe, et il nous est arrivé plusieurs fois de devoir retarder une discussion d’un jour ou d’une semaine.

Nous avons appris à mieux anticiper pour éviter ces écueils, mais il nous reste encore un peu de travail sur le sujet !

Enfin, pour être totalement transparent, il n’est pas toujours possible pour tout le monde de se limiter à 4 jours de travail par semaine.

Certains (une minorité) travaillent parfois sur leur jour non travaillé, de manière volontaire ou en fonction des contraintes qui se présentent de manières impromptues.

Dans les faits, nous travaillons avec de nombreuses ESN pour qui Showcase est un élément incontournable de leur quotidien, et nous restons une petite équipe (7 personnes). C’est donc naturellement que nous gardons le portable allumé ou que nous rallumons l’ordinateur en cas de besoin. Notre fonctionnement en télétravail simplifie d’ailleurs ce besoin de disponibilité (pas besoin d’être « au bureau » pour pouvoir bosser).

Concrètement, ça marche comment ?

Après quelques ajustements, nous avons validé ce fonctionnement :

Chacun choisit le jour de la semaine pendant lequel il ne souhaite pas travailler.
Tous les jours sont possibles, sauf le lundi, jour de synchronisation de l’équipe au complet. Ce jour peut varier d’une semaine sur l’autre en veillant cependant à assurer une continuité sur les activités de relation client et de support technique. Certains membres de l’équipe ont parfois préféré opter pour deux demi-journées off plutôt qu’une journée entière.

On informe l’équipe sur un calendrier partagé.
Aucune validation n’est nécessaire pour choisir son jour off. En cas de changement, on profite de la réunion de synchronisation du lundi matin pour le signaler à l’équipe. Globalement, cette journée est souvent la même d’une semaine sur l’autre pour chacun, les mercredis pour certains (jour des enfants), les vendredis pour d’autres (une coupure de 3 jours), ou même parfois deux demi-journées dans la semaine comme on le mentionnait dans le paragraphe précédent.

Il n’y a pas de baisse de salaire ni d’augmentation de la durée de travail quotidienne.
On croise généralement deux types de cas chez les entreprises qui choisissent de passer à la semaine de 4 jours. Certaines “compressent” le temps de travail en gardant 35 heures à effectuer sur 4 jours au lieu de 5, par exemple, d’autres (c’est le choix que nous avons fait), réduisent ce temps de travail en supprimant simplement ce 5ᵉ jour.

Étude et témoignages

Au-delà de notre expérience, on peut penser à d’autres acteurs français qui ont mis en place la semaine de 4 jours, à l’image du groupe LDLC qui l’a implantée en 2021 pour tous ses salariés. Leur dirigeant, Laurent de la Clergerie, s’est exprimé suite à une question de myhappyjob.fr sur les bénéfices du passage de la semaine de 4 jours en déclarant :

Je ne m’attendais pas à autant de positif ! […] Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en 2020, nous enregistrions 497 millions d’euros de CA à 1060 et en 2022 nous réaliserons 730 millions d’euros à 1040. C’est ma surprise, je n’ai pas eu besoin de recruter, car les collaborateurs sont plus efficaces. Je n’ai jamais demandé de faire le même travail en quatre jours, mais dans les faits les gens sont tellement reposés que la cadence augmente. Pour les salaires les plus bas, cette journée représente aussi une économie de déplacement, de frais de garde d’enfants… Certains salariés ont dit gagner 200 euros par mois grâce à ça. Et nous avons augmenté les salaires de 6 % en moyenne l’an dernier pour partager les bonnes performances.

Entre juin et décembre 2022, en Angleterre, une soixantaine d’entreprises ont pris part à une initiative visant à tester la semaine de quatre jours. Cette démarche, orchestrée par la campagne « 4 Day Week Global », impliquait une réduction de 20 % du temps de travail pour les employés, tout en maintenant les mêmes objectifs de performance et en préservant intégralement leur salaire. Les résultats de cette expérience ont été significatifs : la totalité des dirigeants d’entreprise ont évalué l’impact de cette mesure comme étant soit « positif » soit « très positif » pour leur société.

En février 2024, un an après les résultats de cette expérimentation, le rapport offre un nouvel aperçu des effets de la semaine de quatre jours sur les travailleurs à long terme. On vous partage quelques points clés de cette étude.

100 % des managers et CEO consultés déclarent que la semaine de 4 jours a eu un impact « positif » ou « très positif » sur leur organisation.
82 % des entreprises interrogées ont fait état d’impacts positifs sur le bien-être du personnel. 50 % ont constaté des effets positifs sur la réduction du turnover du personnel et 32 % ont déclaré que la politique avait sensiblement amélioré le recrutement.
Une enquête de suivi distincte auprès du personnel de 47 des organisations pilotes initiales a également montré que d’autres améliorations ont été entretenues un an plus tard (santé physique et mentale, équilibre travail-vie personnelle, satisfaction générale dans la vie, mais aussi réductions de l’épuisement professionnel). L’enquête montre aussi que l’intensité du travail reste plus faible et la satisfaction au travail plus élevée qu’avant le début du projet pilote de 2022.
Concernant le jour “gagné” dans la semaine, il sert par exemple à prendre des rendez-vous médicaux, à pratiquer ses loisirs ou encore à s’occuper des tâches ménagères pendant la semaine pour passer du temps de meilleure qualité le weekend.

La mise en place de la semaine de 4 jours a représenté un changement significatif et ultra-positif pour notre équipe. Ce nouvel équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle est un réel gain au quotidien. Plus de bien-être, moins de stress éventuel et… l’entreprise se porte bien !